Danae

Et donc, je suis.

Vendredi 9 mai 2014 à 13:35

Voilà plus d'un an que je n'ai rien ajouté ici. Le temps a passé, certaines choses vont mieux, d'autres beaucoup mieux, d'autres sont restées les mêmes, mais l'on peut au moins dire que rien n'a empiré. 
Les mois qui ont suivi le dernier article que j'ai posté ici m'ont fait me sentir mieux parce qu'après un premier pas difficile, les suivants se sont faits moins douloureux, moins lourds, et peu à peu, j'ai retrouvé le sourire. 

J'ai commencé par m'inscrire dans une école, et j'ai cherché un patron pour un BTS, en alternance. J'ai passé un premier entretien téléphonique, je m'y suis préparée, et parce que je pense, ça me tenait vraiment à coeur, j'ai eu le coeur noué et les petits papillons du risque d'échouer. 
J'ai eu un second entretien, IRL comme on dit, où j'ai pensé assuré, puis un troisième, que j'ai pensé foiré, où le recruteur a réussi à me destabiliser, comme lorsque l'on fourre le doigt dans une blessure et qu'on tripote. Mais il faut croire que j'ai beaucoup d'autres qualités appréciables, puisqu'après quelques heures d'angoisse, j'ai su écouter le message de mon répondeur, où on me demandait de rappeler. J'étais persuadée qu'on me demandait de rappeler pour m'annoncer que je n'étais pas prise, mais Linda qui a écouté ce message, m'a dit "à la fin, il te dit à bientôt". Il me dit à bientôt ? A bientôt ?

Je pense qu'une joie aussi dérisoire (quoique) ne peut être appréciée que lorsque l'on sait comment c'est tout ça, toute la noirceur qui a fait votre vie, des jours, des mois durant. J'ai l'impression d'avoir eu une maladie, que je croiyais incurable, et d'avoir été guérie. J'ai redécouvert la vie et ses simples petits bonheurs... 

J'ai rappelé et j'ai dit des mots bêtes comme "je suis super, très très très, super contente". Une fois que j'ai raccroché, je crois avoir hurlé et serré Linda dans mes bras. Il y avait Loïc, Mélanie je crois, je ne me souviens plus. Je me rappelle le cri qu'a poussé Loïc lorsqu'il est sorti de la salle et nous a rejoint sur la terrasse, un cri de victoire, pour moi ! Je l'ai attendu tellement longtemps, ce signe, ce pas de plus, cet énorme pas vers le mieux. 

Lorsque j'ai appelé Anthony pour le lui dire, il a deviné tout de suite, au son de ma voix, que la réponse avait été positive. 

S'en sont suivis mes derniers mois comme Chargée de Formation, ma lettre de démission, un moral qui allait déjà un petit peu mieux parce que je sais que je ne finirai pas ma vie dans un fast food, à faire des frites et à me laisser traiter comme de la merde par tous ces gens. 
Mon dernier jour et du caramel plein les cheveux, un petit cocktail d'au revoir avec tous mes amis, un vrai bon moment. J'ai senti que j'avais compté, vraiment. Ca fait du bien. 

J'ai commencé à la banqu et à l'école en septembre 2013, avec un enthousiasme nouveau. La fille triste, qui ne souriait jamais n'existait plus. Je revis, il faut le dire, depuis que j'ai pris ma vie en main. Je ne dis pas que tout est rose, mais mon faible bonheur est à quelques pas, quelques mois, quelques problèmes plus ou moins lourds à porter, d'être là. De se réaliser. 

J'ai une classe assez... Lisse. Ce sont les jeunes d'aujourd'hui et je pense que je ne m'y ferai jamais. J'ai beau n'avoir que 5 ans d'écart avec eux des fois je visualise très bien l'énorme fossé qui nous sépare. Je m'en fous. Je m'en fous. 

Mes plus gros soucis actuels sont Anthony, qui n'a toujours pas quitté son travail et qui, même s'il va mieux, d'une certaine manière, est toujours bouffé par cette ambiance de travail, ce harcèlement. On y est presque, dans quelques temps, trois mois maximum, si tout se passe comme prévu, cette societé de merde sera derrière lui, et même si on doit galérer avec mon salaire d'alternante et avec un chômage pendant quelques temps, le plus noir sera désormais derrière nous. 

Dans un an, comme on peut, dès qu'on peut, on quittera Grenoble pour s'installer n'importe où mais loin d'ici, de cette vie pourrie qui a bien failli nous bouffer tout entiers, et on recommencera à zéro. 

J'ai 23 ans et des poussières, j'ai un amoureux formidable qui j'espère va se relever très vite de toute cette crasse qui l'enlise, dans un an si tout se passe bien, j'aurai un BTS en poche et un CDI si j'ai de la chance (mais je suis réaliste quand même un peu), et nous partirons loin de tous ces mauvais souvenirs.

J'ai presque envie de compter les jours. 

Samedi 10 mai 2014 à 22:48

http://danae.cowblog.fr/images/0001-copie-1.jpgPetit curry Jap cuisiné par Camille, hier soir, chez elle, avec Laetitia, à parler de tout et de rien. De nos amoureux, de nos vies et de nos problèmes respectifs : trouver un patron en pâtisserie pour Camille, réussir sa deuxième année de fac de sport pour Laeti, mes problèmes d'argent et ceux  à propos du travail d'Anthony. 
Camille, qui revient d'une année passée à Tokyo, nous a raconté son voyage, son dépaysement, nous a montré tous les souvenirs qu'elle a ramené de ce  pays, nous a parlé des japonais, de la nourriture, de la vie à des milliers de kilomètres du sol français, de son retour, de la nécessité de retrouver vite un appartement avec Christopher, de retrouver un travail d'appoint avant d'espérer rentrer en CAP pâtisserie. Forcément, on a parlé de Grenoble, de son insécurité grandissante, de la désagréable impression d'être dévisagé dès que tu marches dans la rue, des transports en commun où l'on t'accoste, des quartiers où tu n'aimes pas te balader. 

Tacos et frites avec l'amoureux, en terrasse (culpabilité, bonjour), au centre ville de Grenoble, aujourd'hui, à moitié désert. La plupart des gens sont partis en week-end prolongé, après le 8 mai. Sur facebook, tout le monde partage ses photos ensoleillées, ses plages, l'eau bleue et les sourires. Du coup, on a décidé qu'on essaierait au moins de partir un week end en Italie, fin juin, pour nos six années d'amour. J'ai hâte. Un week-end, c'est très court, surtout lorsqu'on le passe dans une ville inconnue. Un week end c'est loin d'être assez pour fouiller les rues, découvrir les petits trésors cachés, essayer les restau, visiter les musées, flâner dans les rues, s'allonger dans les parcs. Mais c'est sans doute tout ce que l'on pourra se permettre encore cette année. Mon compte en banque est vide. Je n'ai droit à aucune aide de l'Etat à cause de mon salaire d'alternante, et je vais sans doutes à nouveau payer des impôts puisque ma déclaration de cette année se base sur 8 mois de travail avec un salaire normal, et 4 autres avec un salaire réduit de pauvre étudiante... Toujours ce problème d'être rangé entre deux cases, pas assez pauvre, et pas assez riche. 

Alors mes cheveux poussent, et mes vêtements se trouent, mes chaussures se décollent, mes placards se vident, ma carte bleue reste froide malgré des heures à baver sur les sites de ventes qui pullulent sur le net. Tiens j'ai envie de faire une liste. 
- Je veux des sandales compensées, parce que je n'ai aucune paire de chaussures ouvertes, que je me trimballe les mêmes compensées depuis plus d'un an et demi et qu'elles commencent à cliqueter étrangement, comme si une couture menaçait de se rompre sous peu. 
- Il me faudrait un nouveau jean, un bien, un noir, évidemment, qui ne déteindrait pas au bout de trois lavages comme les miens, qui ne valent pas plus de 20€, que je renouvelle de temps en temps parce qu'ils ne tiennent pas la route.
- Je dois changer de portable, le mien, un motorola alors que la marque n'existe même plus, ne compte même plus ses chutes. Je peux même désormais gratter la façade et la peinture s'efface. J'aimerais bien un smartphone, ce serait le premier que j'aurai, il ferait de jolies photos et aurait une appli GPS super utile pour la paumée que j'suis. 
- Aller chez le coiffeur et se faire chouchouter un peu le cuir chevelu, me faire faire une couleur et couper un peu toutes ces pointes dégueulasses. 
- Week end, vacances, un jour, deux, trois, quatre, peu importe, mais quelque part où je ne suis jamais allée, où personne ne nous connait et où nous ne connaissons personne. Si possible un truc super dépaysant, une langue différente. 
- Des livres. Et du temps pour les lire. Actuellement, entre les révisions et les soucis, je n'ai ni le temps ni la concentration necessaire pour lire les dizaines de livres que je rêve de dévorer, allongée dans l'herbe, dans mon lit, dans le canapé, sur le balcon. 
- De superbes draps tout neufs. Le genre en satin ou je sais pas quoi. 
- De la lingerie toute belle. 
- Du chocolat, des tonnes et des tonnes de chocolat de marque super bon et super cher. Ou pas d'ailleurs. Mais juste du chocolat. 
- Un lapin. Et le droit d'avoir un lapin parce que l'amoureux n'en veut pas. Lui il préfère...
- Un chien. Mais pas n'importe lequel. On connait déjà la race, le nom qu'il portera, à peu près si tout se passe bien et que comme prévu je trouve un bon travail après mes études, la date à laquelle on l'adoptera. 
- J'aimerais bien une robe. Mais évidemment j'aimerais bien aussi me sentir bien dedans.
- Du temps, du temps, du temps...

Tiens. 
Je dois aussi me fixer des objectifs. 
J'aime bien faire des listes.

Dimanche 18 mai 2014 à 10:42

Mon vernis rouge craquèle. 

Jeudi 22 mai 2014 à 1:02

C'est bon de se sentir entouré de ses amis.
Ou pas.

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | Page suivante >>

Créer un podcast